27 février 2007

La bulle cassée

Roman mineur de Philip K.Dick, La bulle cassée (1956) peut-être qualifié de roman de jeunesse et s'inscrit dans une période où le futur auteur d'Ubik se cherche encore (déjà?), à travers notamment des oeuvres délibérément placées hors du domaine de l'anticipation. 1956, année de l'émergence du rock'n roll, d'Elvis Presley. Une jeunesse se constitue comme groupe, avec sa culture, son rejet du passé. Un mode de vie se forme, fait craquer les normes en vigueur. Chassés-croisés amoureux, adolescences révoltées et immatures, une peur de vieillir à l'abord de la trentaine qui n'est pas sans rappeler le "hope i die before i get old" des Who (My generation) ... Un ton parfois étonnamment libre quand on le replace dans son contexte, notamment dans son évocation de la sexualité.
La bulle cassée est un livre imparfait, immature, mais dont certains passages laissent des traces.

BI

PS: sur Philip k.Dick, un site blibliographique

26 février 2007

Bright Lights, Big City

Son premier roman, Bright Lights, Big City, publié en 1984, fit de Jay McInerney le rival et non-moins ami de Bret Easton Ellis au sein d'une génération trash au succès facile. Au delà des avalanches de coke, de boites de nuit, de considérations nihilistes sur le monde du travail, force est de constater la puissance d'un style et l'existence de vrais personnages.

BI

22 février 2007

Anti-manuel d'éducation sexuelle


Ce livre est une bombe. Après des premières pages un peu convenues (le féminisme, le préservatif...), on rentre dans le vif du sujet, à savoir une exploration radicale de l'état de notre rapport au sexe. Pas de généraliés dans ce texte, mais un discours construit et extrèmement argumenté, notamment en termes de lois et de jurisprudence. Marcela Iacub est en effet juriste de formation et a suivi toutes les affaires liées à la criminalisation rampante de la sexualité On suit à la trace les dérives d'une société vouée à la sécurité et ayant porté sur le sexe toutes ses angoisses. On découvre éffaré les agissements d'une Ségolène Royal puritaine qui salit encore dans sa tombe un instituteur qui s'était suicidé après avoir été faussement accusé de pédophilie. On apprend que le meurtre d'un mineur de moins de 15 ans est moins condamné en France qu'un viol. On nous révèle que des études scientifiques prouvent que les méthodes utilisées par les psychologues dans les enquêtes pour pédophilie produisent des résultats erronés...
Le livre s'achève sur l'idée, très convaincante, que la seule porte de sortie de cet engrenage, d ecette obsession anti-sexuelle est de sortir du sexuel, c'est à dire, de ne plus juger les crimes et délits, de ne plus élaborer les lois, en fontion de la nature sexuelle ou non des faits (les auteurs nous démontrent que ce critère est ineffectif) , mais en fonction de critères plus concrets (violence physique, contrainte....).

A livre à mettre entre toutes les mains.

BI

Moby Dick


Souffle épique. Fresque au jour le jour. Ismaël et Achab sont sur un bateau... Le quotidien devient fable métaphysique, expérience mystique. Préfiguration de l'expérience de Joyce, tous les genres de la littérature concassés, concentrés en une oeuvre hétéroclite, philosophique et barbare par Herman Melville. Chef d'oeuvre absolu, à côté duquel le nombril de votre ami lit-térreux du 6ème arrondissement vous paraîtra soudain bien fade.

BI

07 février 2007

Ma mère

Bataille le scandaleux, Bataille le style, l'audace. Bataille le touche-à-tout. Ma mère est un roman inachevé, la dernière oeuvre de celui qui devait influencer considérablement Foucault, Sollers, ou Derrida. Récit initiatique, découverte du sexe, rapports quasi-incestueux. Abandon, volupté de la transgression...
Georges Bataille retrace les émois de Pierre d'un style classique et épuré, qui rend paradoxalement le propos plus fort, plus dérangeant.

Une oeuvre troublante, dont l'inachèvement laisse sur une tension, la préfiguration d'un drame annoncé.

BI