22 mars 2007

Le pingouin

Récit à mi-chemin entre naïveté poétique et satire socio-politique, le pingouin relate l'histoire d'un écrivain raté, petit journaliste ukrainien, qui s'attache la compagnie du pingouin Micha pour survivre à une rupture amoureuse. Mais la vie n'est pas simple à Kiev, et Victor accepte de rédiger pour un quotidien des notices nécrologiques un peu particulières, leurs sujets n'étant pas encore décédés.
Peu à peu, le vide se fait autour de Victor, dont les amis comme les sujets d'articles tombent comme des mouches alors que la Mafia du coin s'entiche de l'écrivain.

Le style d'Andreï Kourkov est limpide, le livre se lit comme une gourmandise à l'arrière goût acide.

BI

20 mars 2007

C.O.E.D feat Sheila E

1987, tu es encore un adolescent, malgré tes cris d'horreur ta copine écoute The Cure et se maquille comme un zombie. Toi, tu viens d'acheter Sign Of the Times, le double album bricolo et génial de Prince. Sheila E., qui l'a accompagné très tôt (le single explosif Erotic City en 84), y fait encore quelques apparitions lumineuses (immortalisées sur les tournées Sign of the Times et Lovesexy). Suivront encore quelques albums solos composés en grande partie par le nain de Minneapolis, une prise de distance pour revenir à ses origines latinos puis les retrouvailles avec Prince en 1999.

2007, le Bataclan. La belle revient avec un groupe de filles de la mouvance Princière: Rhonda Smith à la basse, Kat Dyson à la guitare, Cassandra o’Neal aux claviers et Candy Dulfer au sax l'accompagnent.
Une première partie peu convaincante (la française Sandra Nkake), quelques minutes d'attente et le son éclate, révélant le gouffre qui sépare les pros des amateurs éclairés. L'énergie, la joie de jouer, la violence parfois, la passion, tout cela est communicatif. Certes, le groupe ne possède pas encore de répertoire très construit (son premier disque ne sortira que dans quelques mois), mais au vu de la carrière de ces dames, elles n'ont aucun mal à aller pêcher dans leurs discographies respectives ou celles de Prince pour enflammer d'un funk teinté de jazz ou de rnb une salle conquise.
Candy Dulfer est sublime, sensuelle et drôle, Sheila E. est émue jusqu'aux larmes.
Le plaisir musical pur.

BI

12 mars 2007

Le meilleur des mondes

Roman visionnaire, description d'une société ayant voulu et achevé la fin de l'Histoire, la fin de l'évolution, la fin des révolutions, la fin des conflits. Vision d'une humanité infantilisée, rabaissée au rang d'animal assisté, programmé pour le bonheur. Fin des émotions, du ressenti, angoisse d'un bonheur perpétuel imposé. Aldous Huxley, qui devait signer plus tard l'hymne psychédélique The doors of perception (dont le groupe the Doors allait tirer son nom), signe en 1931 une oeuvre prémonitoire, une oeuvre aujourd'hui d'actualité dans une France repliée sur elle-même où les politiciens nous rabaissent sans cesse au rôle d'enfants, d'assistés pour lesquels chaque émotion, chaque chagrin aurit sa cure et son traitement social, ses professionnels de l'accompagnement, du travail de deuil. Une France divisible à l'infini en victimes qui ne trouveraient leur salut (national?) que dans un matriarcat finalement assez pétainiste.

Le meilleur des mondes est une oeuvre d'exception, qui creuse inifiniment plus loin que la préfiguration des dictatures (hitlérienne et stalinienne) à laquelle on la limite parfois.

BI