17 mai 2007

Asiles de fous

Régis Jauffret connait actuellement un grand succès en librairie avec ses Microfictions. Asiles de fous, son ouvrage précédent(2005), a reçu le prix Femina.
Le roman est l'histoire d'une rupture, d'une rupture lâche, racontée à travers ses différents protagonistes : la femme que l'on quitte, l'homme qui s'en va mais aussi ses parents qui joueront un rôle pervers.
Ecriture directe, les névroses s'épanchent. On pense beaucoup à Elfriede Jelinek, pour ses descriptions sans appel de la décomposition des familles et des couples. Noir, c'est noir: pas grand-chose à sauver chez les personnages de Jauffret. Ce qui le sauve et nous tient le temps de la lecture au dessus de ce cadavre puant, c'est un humour desespéré, une distance vis à vis de l'horreur, mais c'est aussi ce qui nous rend ces "monstres communs" très distants.

BI

13 mai 2007

The air is on fire

David Lynch s'expose à la Fondation Cartier à Paris. Ses dessins, peintures et photomontages décrivent les obsessions quasi immuables de l'artiste. On retrouve ludiquement des fragments d'idées, d'images qui renvoient à la filmographie du réalisateur. Le portrait de Lynch qui se dégage de l'exposition est celui d'une homme qui n'a cessé de courir après son moi, un homme aux identités fragmentées, aux fantasmes finalement assez proches de ceux que pourrait avoir le serial killer d'un roman de James Ellroy comme le révèlent les photomontages de corps démembrés et réassemblés (Distorted Nudes, 2004).
Mais ce qui prédomine ici, c'est surtout un humour noir permanent dont ses toiles donnent les plus beaux exemples.

BI

06 mai 2007

Nuage rouge

Nuage rouge est le récit d'un fait divers simple et sordide, celui d'une tentative de viol et de l'émasculation de l'agresseur. Mais ici, nul intérêt pour l'horreur, nulle lamentation. Car ce fait divers n'est que le prétexte à explorer la langue et le romanesque. Christian Gailly - dont on avait par ailleurs admiré le roman suivant Un soir au club - c'est un peu un Christian Bobin qui aurait remplacé l'eau bénite par du whisky et les grandes orgues par un quartet de jazz. Tentative proche dans la volonté de retrouver une langue débarrassée de ce qui n'est pas indispensable, ce qui n'exclut pas, au contraire, la notion de bruit (on retrouve là une idée présente dans le free jazz).

Autre parenté: celle de Modiano (le héros de Nuage rouge est d'ailleurs bègue jusqu'à la survenue du drame). Poésie, simplicité de l'intrigue, lenteur de la narration.

Le livre aurait pu tomber dans les travers habituels du roman français actuel, à savoir un nombrilisme total, mais ici, le particulier renvoie à l'universel, à des petites choses que l'on ressent tous, des petits bouts de pensée qu'on a tous effleurés.

Au final, un livre superbe, un auteur, un style.

BI