29 juillet 2007

Persepolis


Adaptation de la bande-dessinée de Mariane Satrapi, Persepolis retrace l'itinéraire personnel d'une jeune iranienne, entre révolution, guerre Iran-Irak, exil en Europe, tentative de retour au pays et exil final.
Les graphismes sont somptueux, les personnages attachants (la verve de la grand-mère incarnée magistralement par Danielle Darrieux).
S'il était peut-être une erreur de confier les voix françaises à des actrices aussi connues que Chiara Mastroïanni et surout Catherine Deneuve (qui, à l'instar de Depardieu, finit par imposer son image plutôt que celui de ses personnages), cette légère gêne disparait vite pour nous laisser nous plonger dans ce film plein d'humour, de bruit et de fureur, film qui se termine sur une note trsè mélancolique.
On reste surpris devant le peu de récation de l'Iran à ce réquisitoire sans faiblesse contre le régime iranien. Une ode à l'amour, à l'ivresse des sens, à l'âme perse.

BI

20 juillet 2007

Media Crisis

C'est dans le contexte de l'arrêt de plusieurs émissions emblématiques d'une certaine idée critique - mais aussi quelque peu égocentrique - de la télévision (une certaine tendance à ne plus parler que d'elle-même), que ressort le livre de Peter Watkins. Il fallait bien que je sois attristé par la disparition d'Arrêt sur Images (Daniel Schneidermann, David Abiker et quelques autres dont une ravissante journaliste russe dont le nom m'échappe) pour délaisser un roman de Thomas Mc Guane. Peter Watkins est un cinéaste engagé, plutôt proche des milieux altermondialistes et pacifistes. Depuis les années 50, il a à son actif plusieurs films qui mettent en question la structure narrative filmique et la scission fiction/documentaire. Son oeuvre est à la fois reconnue (de nombreux prix de par le monde) et censurée (puisqu'elle vise à contester le langage télévisuel, à proposer des manières alternatives de créer du contenu.
Media Crisis se veut une mise à plat de ses idées en matière de médias, de structures narratives, de censure...
Malheuereusement, le duscours ne sort pas des généralités. Watkins a développé un concept, celui de la Monoforme, qui est selon lui une forme narrative unique qui truste les médias et impose une vision antidémocratique et violente des rapports humains. Mais jamais Watkins ne rentre en détail dans le fonctionnement de cette structure, dont on crois comprendre qu'elle est basée sur un découpage très fragmentaire (ne pas laisser le temps de penser), un son qui prend au corps (immersion, impossibilité de se distancier), un formatage des durées des films et émissions qui impose indirectement des structures narratives redondantes.
Un discours un peu paranoïaque qui ne va pas assez au fond des choses pour nous convaincre de sa - probable- pertinence.

Les exemples donnés sont en revanche assez révélateurs - cf le cas d'Arte - d'une arrogance des programmateurs et de la confusion qui règne entre politiques et diffuseurs.

BI

15 juillet 2007

L'avocat de la terreur

Le documentaire de Barbet Schröder a l'intelligence de nous amener aux conclusions qui s'imposent sans forcer. La forme filmique qu'est le documentaire ne peut, on le sait, accéder à une quelconque prétention d'objectivité. Le choix des plans, des archives, l'ordre des séquences, leur découpage, les focales, l'absence ou la présence de voix off... tout cela façonne une vision personnelle. Mais ce qui fait la force du film de Schröder, c'est d'entendre les protagonistes de l'histoire de Jacques Vergès s'exprimer directement, expliciter les liens qui unissaient l'avocat à l'extrème gauche pro-palestinienne comme à l'extrème droite suisse. On connaissait la tradition antisémite de l'extrème gauche française, le film nous apprend comment les nazis européens et les gauchistes allemands ont collaboré dans les années 70, comment ce beau monde a combattu Israël, encouragé le terrorisme "de libération" arabe. On entend, interloqué, Vergès justifier les attentats au nom de la guerre, confondant sans doute les agresseurs. Extension de la lutte au monde entier, délire paranoïaque d'un enfant de la colonisation pour qui il faudra lutter et tuer tant que les crimes coloniaux ne seront pas reconnus. Tuer à l'autre bout du monde : nous contre tous, ils sont tous coupables... Autres temps: procès Barbie: la défense de l'accusé est financée par un ami nazi suisse. Au final, seuls quelques terroristes repentis sont lucides sur ce qu'a été cette période. Les intellectuels de gauche français (et notamment les maos et l'entourage de Sartre) n'ont visiblement pas fait leur mea culpa, (y compris celui qui a joué un rôle dans mon parcours universitaire NDLR), parlent avec détachement et humour de Vergès et de ses dérives.
Un document exceptionnel, à voir d'urgence.

BI