21 octobre 2007

Fetish by Lynch/Louboutin

Belle exposition : David Lynch photographie des chaussures fétichistes de Christian Louboutin. Par le recours à une double exposition quasi systématique, Lynch recrée l'atmosphère onirique de ses films. Chaussures in-marchables, sans doute, mais peu importe, ce n'est pas là leur fonction. Révélées par la plastique de deux danseuses du Crazy Horse, les créations de Louboutin donnent à rêver. L'exposition se tient à la galerie du passage, et les clichés sont en vente.

BI

This is England

Chronique de la dérive d'un pré-adolescent dans les années Thatcher, sous fond de guerre des Malouines (les Falklands).
Les acteurs sont amateurs, le réel s'immisce partout. Le scénario, autobiographique (le réalisateur, Shane Meadows est un ancien skinhead), donne au personnage principal, Shaun, un père tombé à la guerre. Il est interprété par un acteur dont la mère était mourante durant le tournage (le film lui est dédié).
On pourra se demander une fois de plus pourquoi nous sommes incapables de produire de telles fictions en France, des films au contenu fort, de vrais sujets sociaux, politiques, historiques. This is England aurait pu sombrer dans la caricature, il n'en est rien. La culture skinhead y est approchée dans sa globalité : les liens avec certaines cultures métissées puis la dérive vers un nationalisme qui propose des solutions simples à des problèmes complexes (le chômage).
Le film se termine par un accident tragique et la rédemption de Shaun, l'idée qu'un drame peut se révéler positif.
Un très beau film
BI

Initiation à la franc-maçonnerie

Si comme moi vous vous intéressez à la franc-maçonnerie, si vous souhaitez tenter d'y voir clair entre ésotérisme de façade, club de réflexion et réseaux affairistes, ce livre donne - de l'intérieur - une vision synthétique de la franc-maçonnerie, tant au niveau de ses origines historiques que de sa réalité actuelle.

Quelques reproches : certains chapitres se résument à deux phrases très générales (on imagine que cela est souhaité, dans une optique franc-maçonne où les choses ne sont pas données en bloc, mais où des indices sont censés permettre au lecteur d'engager une réflexion personnelle), le livre manque d'illustrations - qui auraient été utiles pour analyser la symbolique des loges, et surtout, l'ouvrage pêche par un manque de sens critique et de documentation sur les periodes troubles de la franc-maçonnerie (les franc-maçons illustres sont cités mais rien, par exemple, sur la loge P2).

BI

L'âge des ténèbres

Denys Arcand n'a pas une vision propre de l'esthétique cinématographique. Nul discours théorique, nul vocabulaire original. Son dernier film n'a, de ce côté-là que peu d'intérêt. On y cherchera vainement la moindre trace de volonté picturale. L'intérêt de l'Age des ténèbres est autre : le film propose la vision cauchemardesque (cauchemardée?) de l'extension du politiquement correct et de sa novlangue comme dirait Dantec, dont on comprend mieux, à la vision du film, l'effroi (cf son journal) devant la société québecquoise.
Le film relate la dérive d'un fonctionnaire de l'administration québecquoise : Jean-Marc se réveille un jour et constate qu'il est passé à côté de sa vie, entre une femme obnubilée par ses performances professionnelles, des enfants indifférents, un travail auquel il ne croit plus, une maison en banlieue qui l'oblige à passer son temps dans les transports. Il s'évade en pensée, peuple ses fantasmes de stars inaccessibles. Mais le quotidien et son absurdité (les scènes au cours desquelles il reçoit des accidentés de la vie sont savoureuses), la mise en place d'une pensée et d'une langue politiquement correctes dont l'humour est absent, tout cela le poussera à rompre avec sa vie, à tenter d'échapper enfin, si c'est encore possible, à cette mise en place d'une morale totalitaire au sens propre du terme.


Un film imparfait mais qui donne à penser.


BI