19 décembre 2007

Waiting period

Hubert Selby JR. est mort en 2004, à 76 ans. Juste avant de mourir, l'auteur de Last Exit to Brooklyn nous a offert ce roman, témoignage d'une férocité jamais entamée. Waiting period, c'est l'histoire d'un type qui veut se suicider. Nous suivons le flux de ses pensées. Le passage où il évalue les différentes façons de mettre fin à ses jours est révélateur du ton général du livre : irréverencieux, et d'un humour irrésistible. Le narrateur finira par opter pour le revolver, mais sera très déçu de constater que l'armurier lui refuse son jouet pour de sombres raisons informatiques. Désorienté, il décidera finalement de tuer quelqu'un d'autre.


Le témoignage, d'une vérité brute, de la violence et des contradictions d'une Amérique plus complexe que l'image que nous pouvons en avoir.



Et surtout, le grand éclat de rire d'un vieillard face à la mort.






BI

13 décembre 2007

Joseph Arthur à la Maroquinerie

Il est toujours déstabilisant de se rendre au concert d'un artiste dont on n'a pas suivi les derniers enregistrements. Déçu par sa dernière apparition parisienne, je n'avais pas fait l'effort de me procurer Let's Just Be, sorti il y a peu. Comme d'habitude, la Maroquinerie est un lieu à la fois attachant et frustrant : attachant parce que la configuration et l'exiguité des lieux confère un caractère intime aux concerts, frustrant, parce que l'on y est rarement bien installé, tout occupé à tenter d'éviter les poteaux qui parsèment la salle.
On découvre son nouveau groupe avec deux jolies filles (guitare et basse), un batteur et un multi-instrumentiste. Les chansons du nouvel album, inconnues de la quasi totalité de l'audience, défilent, entrecoupées de version remaniées de titres des albums précédents.

Entre ballades rock un peu banales (on ne peut s'empêcher de penser que le groupe aplatit un peu le son de Joseph Arthur), tentatives rock plus violentes et nettement plus efficaces, les meillurs moments sont ceux qui nous laissent écouter le chanteur seul. Mais, là où l'émotion naissait de mélodies poignantes lors de ses anciens concerts, Joseph semble ne plus assumer ce talent, vouloir "casser" ces mélodies, jouer un rôle, un peu à la manière de Dylan, et massacre systématiquement ses chansons en leur donnant à toute une tonalité nouvelle, moins riche et surtout systématique. Des morceaux de bravoure comme In the sun ou September Song ne parviennent pas à nous émouvoir comme ils le devraient. Commplexe rock d'un artiste qui n'avait pas besoin de nous prouver quoi que ce soit ? Toujours est-il qu'on sort de là avec une impression de gâchis, comme lors de sa dernière apparition en ce même lieu.

Restent de grands disques (Big City secrets, Vacancy, Come to where I'm from, Junkyard hearts, Redemption Song...) et quelques concerts pirates pour nous rappeler ce que l'artiste peut évoquer, l'espace de quelques accords.


BI

08 décembre 2007

Les promesses de l'ombre

Cronenberg est un cinéaste déroutant. Ses films passés mettaient en scène nos fantasmes inconscients, nos peurs cachées, notre angoisse de voir l'intégrité de notre corps (La mouche, Crash) ou de notre esprit (Dead zone, Existenz)menacée.
depuis Spider, le canadien s'éloigne de la veine réalistico-fantastique (hum...) qui le caractérisait, et renouvelle également son esthétique, évoluant vers un classicisme sobre.

Les promesses de l'ombre apparaît comme le second volet d'un diptyque initié par A history of violence, qui traîtait déjà de la violence physique, de son expression brute et était déjà interpreté par Viggo Mortensen.

La mafia russe, ses secrets cachés, ses déchaînements soudains...
Cronenberg excelle à filmer ce qui n'est pas ou rarement montré, c'est même l'une de ses ambitions.

Le film est beau, dans sa photo comme dans ses ambiances, mais l'interprétation un peu outrée de Vincent Cassel (dans le rôle du fils de parrain aux pulsions homosexuelles non assumées) et un scénario trop linéaire laisseront les fans de la première heure sur leur faim.


BI

02 décembre 2007

Grammaire des immeubles parisiens

Lorsque l'on arpente Paris, on a souvent les yeux baissés, occupé à trouver son chemin sur le bitume entre crottes de chien chères à Chirac et salariés pressés de rejoindre un métro.

Grammaire des immeubles parisiens propose de lever la tête et de s'intéresser à aux immeubles "communs", à ceux qui bordent les rues et places de notre quotidien.

On pourra ainsi apprendre à identifier les époques de construction, comprendre l'influence des réglements d'urbanisme sur les façades, mémoriser quelques noms d'architectes. L'ouvrage de Claude Mignot, professeur à la Sorbonne, est abondamment illustré, ne manquent peut-être que des plans : l'immeuble y est avant tout étudié en termes de façade sur rue, c'est à dure en tant que décor urbain.
Avec ces limites, c'est un livre complet et très bien réalisé.

BI