24 janvier 2008

Les enfers du sexe

Le numéro 470 du magazine littéraire ouvre pour nous les portes bien fermées des "enfers" des bibliothèques, c'est à dire de ces collections licencieuses, soigneusement soustraites au grand public, qui rassemblent les grands-chefs d'oeuvre érotiques comme les pornographies les plus crues de la langue française.
Le dossier est motvé par l'ouverture des Enfers de la Bibliothèque Nationale, ouverts enfin au public jusqu'en mars 2008.
Prétexte à quelques articles érudits qui nous rappelent que bon nombre de nos grands écrivains se sont laissés aller à des écritures peu sages, où la transgression, le pied de nez à la censure cottoient le plus souvent un humour revigorant.

D'autres aspects de la sexualité sont disséqués, dans des articles souvent pertinents mais sans autre...lien que celui du sexe : pédophilie, traumatismes divers, psychologie.
On s'étonnera au final que le dossier comporte aussi peu d'extraits littéraires, qu'il ne suscite chez nous aucun émoi mais un simple intérêt intellectuel.

LE LITTERRORISTE

19 janvier 2008

Sexe et dépendances

Le dernier opus de Stephen McCauley s'attache à quelques mois de la vie de William, agent immobilier homo à Boston. Les tours du World Trade Center se sont écroulées depuis peu, toute l'Amérique vit dans la psychose et des désirs contradictoires de sécurité, de défoulement, de spiritualité. Entre une locataire qui le culpabilise au point de lui faire accepter de ne pas payer de loyer et de lui faire faire son repassage, des amants furtifs rencontrés sur internet, et ses obsessions pour le nettoyage, William voit sa vie passer, défiler. Il s'attachera à un couple d'acquéreurs, fantasmant en eux l'image du bonheur et d'un amour vrai, pour se rendre compte au final de leurs faiblesses et ainsi mieux assumer les siennes.

Les personnages décrit par Mc Cauley dans Sexe et dépendances ne sont pas tous attachants. Les femmes y sont notamment décrites comme individualistes et autoritaires. Mais les personnages existent, ont une complexité, une âme, des préoccupations, une évolution et c'est par ce biais que l'auteur arrive à nous intéresser à une intrigue somme toute assez banale, une plongée dans le quotidien de l'Amérique bobo, entre cours de yoga, parfums sur mesure, investissements immobiliers et une peur viscérale de vieillir.

LE LITTERRORISTE

09 janvier 2008

La nuit nous appartient

Encore un film sur la Mafia russe ? Peut-être, mais là où le Cronenberg nous avait déçu, dans sa peinture trop caricaturale du milieu (le propos n'était pas là, mais dans la description de la violence), James Gray nous tient en haleine par des personnages complexes qui jouent avec les archétypes des rapports familiaux. Le rythme est lent, le propos très cinématographique, la photo soignée. De belles idées de plans, un certain onirisme (la séquence dans les roseaux), tout cela installe un vrai climat.

La nuit nous appartient réussit là où on ne l'attendait pas : ce n'est pas un film d'action, mais une contemplation qui touche parfois au mythe.

LE LITTERRORISTE

01 janvier 2008

Les règles élémentaires pour l'écriture d'un scénario

Blake Snyder est un scénariste à succès hollywoodien. Dans cet ouvrage de vulgarisation devenu un classique, il décrit la mise en place d'un scénario efficace. Comme d'habitude chez les auteurs américains, le texte est très clair, très concret, l'auteur syntéhtise avec humilité un peu de son savoir concernant la dramaturgie. On pourrait s'offusquer d'un savoir-faire tourné tout entier vers l'efficacité économique (un bon film c'est un film qui fait beaucoup d'entrées), on pourrait aussi se scandaliser lorsque Snyder assume sans détour que le public numéro un du film hollywoodien est celui des teenagers, mais ce serait oublier que le scénariste n'est pas dans la posture de changer l'industrie du cinéma: mis en concurrence, il doit sans cesse se confronter aux autres, réécrire sans fin ses histoires. Snyder énumère donc ce qui marche, ce que l'on attend d'un scénariste dans le contexte du cinéma US actuel, et du public qui est le sien.

On s'étonnera de la diversité des films cités (Snyder a apparemment souhaité agrémenter l'édition française de références "locales") et on s'attardera sur les catégories de films que l'auteur propose de distinguer, catégories très pertinentes qui ne se réfèrent pas à des genres (la comédie romantique, le film d'action...), mais à des situations dramaturgiques.

Quant à la structure narrative proposée, elle se développe suivant une progression classique (proche de la structure archétypale des contes de fées) à l'issue de laquelle le personnage principal doit avoir évolué.


LE LITTERRORISTE