27 septembre 2008

Dominique Perrault au Centre Georges Pompidou

Exposition conventionnelle de Perrault par lui-même. Perrault se met en scène, occulte certains aspects de son parcours pour s'afficher en architecte minimaliste. Tout cela est très conventionnel : chaque projet est explicité par une photo et une maquette. En dehors de projections dont le contenu est loin d'être explicite pour qui ne connaît pas l'architecte (de quel projet parle-t-on à un moment t?) rien n'est dit ni montré sur les espaces intérieurs : l'architecture comme une scultpture urbaine habitée, une sculpture qui viserait paradoxalement à la disparition. Mais l'architecture n'est pas le land art et Perrault n'est pas Andy Goldsworthy. Conflit donc entre la perennité que l'on attend d'une architecture (construire pour x années), la volonté des commaditaires d'utiliser une signature (Perrault l'architecte de la BNF) et une fausse modestie de rigueur.

Le Littérroriste

20 septembre 2008

Last Exit to Brooklyn

La lecture du dernier (à tous les sens du terme) roman d'Hubert Selby Jr. nous ayant réellement retourné, petite plongée dans le texte qui révéla l'auteur. Last Exit to Brooklyn est une succession de tableaux new-yorkais. Loubards, putes, travestis, militaires en permission, syndicalistes homos se succèdent pour ce qui restera comme l'une des fresques les plus desespérées et les plus lucides de la littérature. De quoi en tous cas faire tomber bien des a priori, bien des idées fausses : non, les années soixante ne furent pas des années d'angélisme béat: les gangs et leur violence aveugle prospéraient déjà et New-York était déjà leur terrain de jeu.

Beauté sauvage d'un texte au style concentré. Les dialogues sont noyés dans la narration, n'en prennent que plus de force. Tourbillon des actes et des paroles enchevêtrés...

Recueil de nouvelles ou roman destructuré ? L'unité de style et de discours fait pencher pour la seconde option, la dédicace de l'auteur se réfère d'ailleurs au livre comme un tout.

Un chef d'oeuvre sans concessions.

Le Littérroriste

15 septembre 2008

Gomorra, le film de Matteo Garrone d'après le livre de Roberto Saviano

Gomorra, le film de Matteo Garrone, est un film ambitieux. Comment retracer un livre enquête (celui de Roberto Saviano, vendu à 1 200 000 exemplaires en Italie, traduit en 42 langues), comment montrer la déliquescence napolitaine sans passer par le spectaculaire ?
Un film fiction qui parle du réel.
Des histoires parallèles. Des croisements parfois, mais assez peu. La violence, la mort au quotidien. La vengeance de la vengeance de la vengeance. Le poison d'une aide aux démunis qui devient vite demande d'allégeance. Les déchets source d'enrichissements. Les gamins qui jouent aux caïds et finissent une balle dans la tête.

Un film déroutant, le gâchis d'une génération tout entière.

Le Littérroriste