18 novembre 2008

Aimer ce que nous sommes- Christophe


Christophe jouit d'une considération étrange pour qui ne fait pas partie des happy-fews parisiens à la posture étudiée, au cynisme parfait. Chanteur de variété qui voudrait être pop, au sens anglais du terme. Prétentions narratives, cinématographiques. Tout ça nous vaut un nouvel album rempli de nappes de synthés dégoulinantes, d'arrangements ringards sur lesquels une voix toujours aussi limite se répand, montage de bouts de chandelles que ne sauvent ni Eric Truffaz, ni Isabelle Adjani.

Aimer ce que nous sommes est un gâteau à la crème indigeste à force de ne contenir que du vent.

Le Littérroriste

17 novembre 2008

La photographie contemporaine par ceux qui la font

Excellent ouvrage pour ceux qui s'intéressent à la photographie, tentent de comprendre les tenants et les aboutissants d'un art masqué derrière une fausse simplicité. Anne-Celine Jaeger a interrogé des photographes contemporains sur leur pratique, leur vision de la photo mais aussi de leur métier. Des conservateurs, éditeurs, responsables photo de magazines sont également questionnés.
Enfin, La photographie contemporaine par ceux qui la font est un très bel ouvrage par la diversité des clichés qu'il contient, la moindre des choses pour un ouvrage sur le sujet.

Le Littérroriste

12 novembre 2008

Gomorra, le livre de Roberto Saviano

Il faut avoir lu le livre de Roberto Saviano, jeune journaliste freelance napolitain, pour comprendre à quel point son adaptation à l'écran constitue une oeuvre minimaliste. Le foisonnement d'informations que porte une plume passionnée, celle d'un homme qui écrit de l'intérieur, pusiqu'il est né et grandi dans cette violence, ne pouvait être transcrit tel quel. L'atrocité de certaines scènes aurait porté le film vers un sensationnalisme complètement étranger à l'oeuvre de Saviano.
Description implacable, cri de désespoir d'un habitant à sa terre, terre pourrie littéralement, enfouie sous les déchets toxiques de toute l'Italie qui contaminent nappes phréatiques, cultures, lait de bufflones et donc mozzarella. Système global, globalisé, à l'échelle mondiale. La Chine, la Colombie, les travailleurs africains. La dope, le béton, le textile, les ordures.
L'impossibilité du futur est gravée dans les idéaux: les adolescents rêvent de vivre vite, avec du pouvoir, de l'argent et une mort violente. Leur expliquer que l'existence de camorriste ne mène à rien, que les guerres intestines les tueront très vite, est sans objet puisque c'est justement cela qu'ils recherchent.
On ne sort pas du système. S'en approcher, même de loin, c'est risquer sa vie. On tue l'ami, la copine, la soeur, le copain de la soeur de quelqu'un que l'on veut attendre. On fait exploser des cadavres à coups de grenades au fond de puits dissimulés dans la campagne de Campanie.
Des pages poignantes, comme celles où Saviano explique qu'il sait aujourd'hui lire le réel et plus précisément le construit, qu'il sait y voir la part de souffrance et de sang dissimulé.

Un livre exceptionnel, dont on sort changé.


Le Littérroriste

09 novembre 2008

Vicky Cristina Barcelona

L'Espagne, la Catalogne... De belles américains en goguette, dont l'une promise à un mariage raisonnable, l'autre plus fantasque. Un peintre sulfureux. Une ex superbe et géniale. Les américains sont coincés. Les espagnols enfiévrés. Les artistes passionnants, les traders ennuyeux. Une telle accumulation de poncifs ne pouvait passer que par l'entremise d'un grand réalisateur. Woody Allen en est-il vraiment un ? D'un côté maîtrise des dialogues, des situations, des ambiances, dérapages comiques réussis. De l'autre, nécessité d'une voix off pour donner du liant à tout celà. Là où un très grand aurait donné en quelques indices visuels de quoi définir les personnages, de quoi comprendre où ils en sont de leur itinéraire, Allen a besoin d'expliquer, de commenter en permanence, comme dans la séquence d'introduction assez longue.
Vicky Cristina Barcelona caresse les européens dans le sens du poil. Un bonbon trop flatteur, qui nous laisse un arrière goût légèrement trop sucré.

Le Littérroriste


06 novembre 2008

Case Study Houses

En 1945, John Entenza, rédacteur en chef de la revue américaine Arts & Architecture, lance un programme de maisons individuelles expérimentales, avec pour objectif l'exploration de nouvelles techniques, de nouveaux usages et une recherche de rationalité voire d'économie.
La plupart des maisons qui seront réalisées (ce ne sera pas toujours le cas) seront implantées dans la région de Los Angeles et donneront lieu à de grands morceaux de bravoure architecturale souvent influencés par Mies Van Der Rohe (on pense notamment à Richard Neutra).
Au delà de la grande modernité, des qualités plastiques, le programme Case Study Houses se lit comme le reflet d'une époque, de son optimisme, de son désir d'aller de l'avant.
L'ouvrage paru dans une collection économique de Taschen ne brille pas par la grande exhaustivité de ses commentaires, mais par une iconographie qui, si elle n'est pas très fournie, n'en est pas moins d'une grande qualité.
Pour les passionnés, un ouvrage beaucoup plus complet et luxueux sur le même sujet est également publié par Taschen.

Le Littérroriste