28 mars 2010

Eastern plays

Récit bulgare d'une errance, à la frontière entre fiction et réalité, méthadone et rock'n roll.
Le film de Kamen Kalev part de la vie de son acteur principal, Christo Christov, pour accoucher d'une fiction en prise avec le réel, avec des personnages mal en point, qui ne trouvent pas leur place.
Une mise en scène sobre rend crédible le désir de pureté du personnage principal, Itso, désir personnifié par la rencontre avec une jeune Turque de passage.

Christo Christov est mort avant la sortie d'Eastern Plays, d'une crise cardiaque.

Le film, avec ses défauts, son imperfection, est une réussite.

Le Littérroriste

08 mars 2010

Underworld USA de James Ellroy

Des années d'attente, d'addiction non récompensée, de passages au rayon polars d'une grande surface culturelle. Rien de consistant à l'horizon. Où avais disparu James Ellroy ? On apprend au hasard des interviews que l'écrivain bouledogue a dérivé de mariage en lambeaux en séparations difficiles. Il y aurait alors un cœur qui bat derrière la façade préfabriquée d'un homme qui, pour se protéger, s'est créé un double médiatique, à l'instar d'un Bob Dylan?
Underworld USA le prouve à sa manière. La violence est toujours là, la cupidité, le meurtre, les addictions sordides, les petits intérêts, les politiques tordus... Mais derrière tout ça perce l'espoir d'une rédemption, celle d'hommes de droite - voire d'extrême droite - soudainement attirés par l'aura de gauchistes passionnées, prêtes à tout pour conserver quelques bribes d'idéal. Si les hommes meurent, après une vie de meurtres et de manipulations, de masques et d'évitement, ils le font dans un geste gratuit, dans une tentative de tout effacer par la grâce d'un acte héroïque. Ellroy met à mal l'histoire américaine dans ce qu'elle a de plus mythique (les années 60, les Kennedys, Martin Luther King, etc.), mais de ce naufrage surnagent quelques hommes et femmes libres malgré le système, libres au sein du système. L'écriture est puissante, nous emporte définitivement une fois les personnages (re)calés en nous (le roman suit chronologiquement American Death Trip dont onretrouve certains personnages). 840 pages d'ombre et de lumière, la confirmation d'un grand auteur de polar certes, mais d'un grand romancier tout court, maître de l'âme humaine.

Le Littérroriste



07 mars 2010

Les 39 marches, la pièce !

Adaptation délirante du film d'Alfred Hitchcock, les 39 marches procède du détournement de la contrainte comme procédé créatif. le manque de moyens, de technicité, d'une salle de théâtre conventionnelle, devient prétexte à invention de procédés pleins d'humour ou de poésie.
Pièce à plusieurs niveaux de lecture : la parodie, d'un humour presque potache, la créativité de la mise en scène de Métayer, ou la cinéphilie absolue d'une pièce qui reste très fidèle aux scènes du film, à son montage-même.

Les comédiens sont excellents et nous livrent quelques morceaux de bravoure, comme dans cette scène de l'arrêt du train en gare, où les répliques induisent des changements perpétuels de rôle de la part des comédiens, à un rythme effréné, avec un jeu sur les accessoires dignes de Chaplin.

A voir.

Le Littérroriste





06 mars 2010

A serious man des frères Cohen

Etrangeté radicale d'un film situé non à mi-chemin mais à la fois dans le registre du questionnement sur la judaïté et celui de l'émergence de la révolution sexuelle.
Faux-rythme, dans lequel le décalage des situations flirte avec l'ennui, funambulisme d'un récit au scénario très mince (c'est souvent le grand défaut des films des frères Cohen, qui s'écroulent souvent au bout de 60 minutes) qui compose avant tout des ambiances, schizophrénie d'un cinéma qui se veut à la fois commercial et d'auteur.

A serious man est un ovni inaccompli et attachant.

Le Litterroriste