On attendait le touche à tout DJ Spooky AKA Paul D.Miller dans un registre électro voire musique concrète. On avait rêvé des samples de vents, de craquements, de vagues...
Le concert donné ce mardi 11 mai fut de toute autre nature : l'ensemble Alter Ego (violon, violoncelle, piano) constituait un indice. Le discours préliminaire de Miller insistait déjà sur des filiations minimalistes et la prépondérance de la géométrie. Premiers coups d'archet, premières images sur un écran double, dont la dualité fut exploitée dans ses effets de miroir (image symétrisée), de panoramique (les deux écrans constituant une seule image), d'opposition, etc.
DJ Spooky aux platines joue sur la densité du son, son épaisseur, sa matérialité. Il le sculpte comme il sculpterait un bloc de glace, sans fioritures. Le violon, le violoncelle se dédoubent, se multiplient. Le piano tient un rôle plus pointilliste, parfois plus percussif.
La composition est répétitive, minimaliste, très Steve Reich. Elle ne laisse que peu de place au répit, nous maintient dans une tension continue, quelque peu éprouvante. Sur les écrans les images nous content l'Antarctique, sa géométrie, sa politique, ses problématiques, son histoire. Belle évocation des pionniers au travers de films de propagande russes notamment.
Au final, un concert à prendre ou à laisser, où la séduction des images éclipse une musique qui cherche moins à plaire qu'à se placer dans une certaine filiation. Curiosité, exercice de style ou besoin de reconnaissance ?
Le Littérroriste.