04 mars 2006

Girlfriend dans le coma


L'écriture de Douglas Coupland est paradoxale. Derrière le coté pop, brillant, enlevé de sa prose, se cache une certaine complexité qui tient tant au cadre conceptuel de ses romans qu'aux sujets abordés. Le thème de Girlfriend dans le coma est d'abord celui d'un anachronisme : à 34 ans, Karen se réveille après 17 ans passés dans le coma et retrouve ses amis qui ont peu changé, ont passé leur vie à l'attendre. On retrouve dans cette partie un Coupland proche de celui de Generation X, bible du mouvement grunge, ou Microserfs, dissection de la silicon valley, le Canadien traitant avec humour des cultures générationnelles comme de la société de consommation, avec un sens du détail proche de celui d'une certaine écriture pop. Puis le livre bascule dans une fin du monde qui n'en finit pas. Nos personnages èrent sur une Terre dévastée, perdant leur temps dans les déchets de ce qui a été, jusqu'à la révélation finale apportée par Jared, l'ex star de football américain du lycée, mort d'un cancer quelques mois avant Karen. C'est dans ce passage que Coupland prend des risques, en tentant de décrire le vide d'une existence dont le temps s'est enfui. Au final, un roman plus complexe qu'il n'y parait, paradoxalement plus noir que les précédents (Toutes les familles sont psychotiques, par exemple). Un roman sur la fin de la jeunesse, la difficulté à assumer son statut d'adulte, c'est à dire d'acteur.

BI