23 septembre 2006

A scanner darkly

Tiré d'un roman de Philip K. Dick (a qui l'on doit notamment Ubik ou le roman dont fut tiré Blade Runner), le film de Richard Linklater mêle une narration paranoïaque à une forme distanciée. Les dernières tendances du film d'animation visaient plutôt à produire une image de synthèse ultra-réaliste, dans laquelle des acteurs bourrés de capteurs jouent les personnages, et ce, afin d'obtenir des mouvements fluides et crédibles. A Scanner darkly revient à la source: on tourne! Une brochette d'acteurs (Keanu Reeves, Winona Ryder, Robert Downey JR, Woody Harrelson) très complémentaires, aux personnages caractérisés, voire caricaturés, de l'humour, de l'invention. Les images une fois tournées, un processus de traitement numérique va déformer l'image dans une optique très cartoon : les dégradés sont remplacés par des aplats, les contours accentués, les couleurs échantillonnées dans des palettes qui donnent une identité visuelle forte à l'oeuvre.
La distance introduite par le traitement transforme le film en fable, fait en quelque sorte de nous les spectateurs de notre propre histoire, de notre propre futur (ici, comme souvent avec Philp K. Dick, pas de délire space opera, l'intrigue est quasi-contemporaine).
Les situations se retournent, l'ennemi vient de l'intérieur.
Un cauchemar éveillé.

Une belle réussite.

BI


PS:: un article paru dans le journal Le Monde sur le film