Nuage rouge
Nuage rouge est le récit d'un fait divers simple et sordide, celui d'une tentative de viol et de l'émasculation de l'agresseur. Mais ici, nul intérêt pour l'horreur, nulle lamentation. Car ce fait divers n'est que le prétexte à explorer la langue et le romanesque. Christian Gailly - dont on avait par ailleurs admiré le roman suivant Un soir au club - c'est un peu un Christian Bobin qui aurait remplacé l'eau bénite par du whisky et les grandes orgues par un quartet de jazz. Tentative proche dans la volonté de retrouver une langue débarrassée de ce qui n'est pas indispensable, ce qui n'exclut pas, au contraire, la notion de bruit (on retrouve là une idée présente dans le free jazz).
Le livre aurait pu tomber dans les travers habituels du roman français actuel, à savoir un nombrilisme total, mais ici, le particulier renvoie à l'universel, à des petites choses que l'on ressent tous, des petits bouts de pensée qu'on a tous effleurés.
Au final, un livre superbe, un auteur, un style.
BI