24 septembre 2007

La chouette aveugle


Sadegh Hedayat s'est suicidé à Paris le 9 avril 1950 après une vie toute de modestie, d'indépendance, de discrétion. La vie de souffrance d'un être qui n'acceptait pas les compromis.
Difficile, lorque l'on ne connait pas la littérature persane, de décrypter la richesse d'une oeuvre qui met en jeu des concepts et des images qui nous sont inconnus. La chouette aveugle est un texte baigné de désespoir, un désespoir qui emprunte ses armes au fantastique (on pense à Poe), à l'horreur (Lovecraft) ou à la poésie symboliste.
Entre rêve et réalité, un voyage dans un espace-temps beau mais parfois hérmétique.

BI


23 septembre 2007

Vampirismes germanopratins

Nous avions descendu en flêche L'enfant d'octobre de Philppe Besson, sorte de récit romancé de l'affaire Grégory. Cette semaine, Philippe Besson a été condamné à verser des indemnités à la famille Villemin. Cette condamation intervient dans le contexte d'une multiplication des actions en justice d'acteurs volontaires ou involontaires de faits divers contre des écrivains souvent parisiens, qui tendent à faire passer leur vision personnelle de ces affaires pour des enquêtes journalistiques, des compte-rendus de la vérité. Véritables équivalents de la docu-fiction qui s'est emparée du petit écran, ces livres démontrent une fois de plus l'absence totale de fond de nombre de nos écrivains mondains. Quand on ne vit rien d'intéressant, difficile de parler de soi (certains restent néanmoins braqués sur leurs nombrils "engagés"), alors pourquoi ne pas parler des pauvres et se prendre le temps de quelques pages pour un Zola moderne ?
L'inénarrable Mazarine ne s'en est pas privée avec son "cimetière des poupées", où elle se permet de fantasmer l'histoire de Véronique Courjault, cette mère infanticide qui conservait ses enfants dans un congélateur.
Bon appétît.
BI

18 septembre 2007

Rock'n'roll

Comment exposer la musique ? Comment donner corps à un art éminemment abstrait? L'écueil est rarement évité, on se retrouve souvent face à une collection d'objets autour de la musique mais ne disant rien de son essence. Suivant les cas, on défile devant des pochettes de disques, des instruments, des tenues de scène.... l'exposition Rock'n' roll que propose la Fondation Cartier ne déroge pas à la règle. Fétichisme des objets, des pochettes, du look des années 50. Chromes, blue suede shoes, micros vintage... tout cela ne dit pas grand chose de la musique.
Heureusement, des casques sont disséminés sur les murs, nous permettant de nous immerger dans le son d'une époque.
Tout ça manque de fond. Un film, amusant, est présenté, cnesé, à l'image de l'exposition, nous expliquer les débuts du rockn' roll. Mais c'est presque à une génération spontanée à laquelle on a droit. Très peu d'explications sur les origines, presque rien sur la dissociation entre les hit-parades noirs et blancs et la récupération des musiques noires par des artistes blancs (il aurait fallu rappeler que pendant les années 50, les noirs américains vivaient encore une ségrégation comparable à celle des sud-africains plus tard), quelques inexactitudes (le rock'n roll dérivé des gospels, et étrangement rien sur le blues)...
En bref, une exposition un peu légère à tous points de vue.

BI

08 septembre 2007

Friendly fire

Au premier abord, les chansons de Friendly Fire paraissent suaves, presque mièvres. On reconnait quelque chose dans la voix, une parenté très pop. Peu à peu, les mélodies se complexifient, un dose d'ambigüité s'immisce, une fantaisie très second degré.


On aimerait en dire du mal, ranger l'artiste au rayon des fils de..., mais tout cela respire l'intelligence et l'humour.

Sean Lennon nous sert au final un album envoutant, dont les titres, entre héritage familial (la voix rappelle parfois vraiment celle de John) et collaborations francophiles (l'Eclipse avec M., en bonus sur l'édition française) ne nous quittent pas, rythment nos jours d'une mélancolie douce.

Le bonheur d'être triste : le fado ou le blues à la sauce Sean.

BI

PS: le CD est accompagné d'un DVD des clips des chansons, sorte de fantaisie homemade, truffé d'apparition de people amis, dans un climat très cirque.



02 septembre 2007

Boarding gate

Le genre de film que vous allez voir alors que tout le monde vous en dissuade, et peut-être pour ça. Malheureusement, cette fois-ci, vous auriez mieux fait d'écouter vos amis.

J'ai un problème avec le cinéma d'Assayas. Cinéma très parisien, prétentieux, creux, dénué de chair; Cinéma poseur, esthétisant sans jamais éveiller la moindre sensualité. Destroy de pacotille, overdoses sur papier glacé, meutres sans émotions.

Comme toujours, disparition de la figure masculine : les hommes sont tous lâches et les femmes doivent mener l'intrigue. Ce qu'elles ne font pas non plus.

Plans interminables (on voudrait sans doute se rapprocher d'un certain cinéma d'auteur mais l'ennui ne fait pas la Nouvelle Vague), accumulation de clichés dont Assayas est coutumier (pourquoi ses personnages et leurs dialogues sonnent-ils toujours faux, comme sonnaient faux les discussions autour/avec les labels dans Clean ?).

Asia Argento joue toujours le même rôle de la fille camée, vénéneuse-mais-qui-au-fond-a-des-sentiments. Michael Madsen (Kill Bill, Reservoir Dogs) ne parvient pas à donner de l'épaissseur à son personnage.

Une intrigue (une histoire de came) sans intérêt, quelques jolies filles mais pas Maggie Cheung.

Un désastre. Seule chose à sauver (et c'est assez rare dans le cinéma français mais peut-on encore parler de cinéma français dans cette coproduction mondialisée) : la photo.

BI