30 juillet 2008

Valse avec Bachir

Peut-on, doit-on montrer la guerre, les massacres ? Faut-il montrer tout cela d'une manière brute, ou mettre une certaine distance ? L'oeuvre d'art doit elle servir une morale, une vision collective de l'Histoire ?

Ari Folman raconte son histoire, celle d'une amnésie. Aucun souvenir de son rôle dans les massacres de Sabra et Chatila en 1982.
Journée rayée de sa mémoire. Alors il enquête. Le film est le récit de cette enquête.
Rêves récurrents, amis sans voix, culpabilité des survivants.
L'animation (magnifique, expressive, y compris dans l'aspect volontairement saccadé des mouvements) permet de retracer ces épisodes oniriques, ces cauchemars qui condensent le vécu.
Elle permet aussi de faire de ces soldats des contenants, où chacun d'entre nous peut se loger le temps d'un cauchemar éveillé.

Le Littérroriste



28 juillet 2008

Richard Avedon au Jeu de Paume

Richard Avedon a disparu en 2004. L'exposition que présente le musée du Jeu de Paume constitue en quelque sorte une autobiographie, voire un testament d'Avedon, tant le photographe a consacré les dernières années de sa vie à se raconter, à se mettre en scène. Résultat: une exposition qui, en dehors de ses interventions dans le domaine de la publicité et de la mode, raconte un homme au travers de portraits. Potraits de stars, bien sûr, mais aussi d'inconnus croisés au bord de la route. Portraits d'une époque mais surtout de la vision d'une époque par un artiste qui aura revendiqué sans modestie le statut de créateur omnipotent, de metteur en scène. Pour Avedon, le discours sur le réel s'appuie sur la ruse et le subterfuge. Comment amener les gens à être eux-mêmes malgré eux? Comment faire craquer le vernis de ces icônes qui incarnent en permenence un personnage public ? Parcours magnifique, le tout superbement explicité par un film (Richard Avedon: Darkness and Light, d'Helen Whitney) qui ne sombre pas l'adoration niaise, mais dresse un portrait complexe d'un homme à la vie intense.

Le Littérroriste

19 juillet 2008

Le bruit des gens autour

Ce film de Diastème, qui conte le festival d'Avignon de quelques personnages liés au monde du théâtre et de la danse, a été relativement mal perçu par la critique dite autorisée. L'objet a été décrit comme caricatural, stéréotypé, alors que sa prétention, et celle notamment de son scénario, n'est pas d'accéder au réel par les faits, mais plutôt par l'évocation de sentiments universels et fondamentaux. Les acteurs sont touchants. Le couple formé par Lea Drucker et Olivier Py est touchant parce qu'improbable et donc acceptation de l'autre tel qu'il est. Bruno Todeschini a pris de l'épaisseur avec les années... La superbe Linh Dan Pham promène son personnage allégorique de spectatrice, apparition souriante qui resoude les liens entre les êtres.
Le bruit des gens autour est un film touchant.

Le Littérroriste

17 juillet 2008

Putain de Nelly Arcan

Putain est un livre malentendu. Vendu par la Fnac comme un roman érotique, ce texte est une introspection douloureuse, le récit du vécu d'une call-girl canadienne. Relation trouble avec l'autobiographie : Nelly Arcan aurait exercé cette profession, aurait monnayé ses charmes alors qu'elle était étudiante. Cri de désespoir, de haine envers elle-même, regard glacé, chirurgical sur les hommes, sur ses parents dont elle se sent prisonnière de la relation ratée.

Un livre fort, qui évoque parfois Elfriede Jelinek, dans une prose moins opaque.

Le Littérroriste

16 juillet 2008

Ping pong

Pour prolonger le plaisir de l'expo de Valérie Mréjen, un petit livre, intitulé Ping pong, comprenant un entretien assez poussé avec la vidéaste, les dialogues de quelques courts-métrages et un dvd des nouvelles vidéos.
Le livre est bien réalisé. La plupart des textes sont traduits en anglais.

Le Littérroriste