12 mars 2007

Le meilleur des mondes

Roman visionnaire, description d'une société ayant voulu et achevé la fin de l'Histoire, la fin de l'évolution, la fin des révolutions, la fin des conflits. Vision d'une humanité infantilisée, rabaissée au rang d'animal assisté, programmé pour le bonheur. Fin des émotions, du ressenti, angoisse d'un bonheur perpétuel imposé. Aldous Huxley, qui devait signer plus tard l'hymne psychédélique The doors of perception (dont le groupe the Doors allait tirer son nom), signe en 1931 une oeuvre prémonitoire, une oeuvre aujourd'hui d'actualité dans une France repliée sur elle-même où les politiciens nous rabaissent sans cesse au rôle d'enfants, d'assistés pour lesquels chaque émotion, chaque chagrin aurit sa cure et son traitement social, ses professionnels de l'accompagnement, du travail de deuil. Une France divisible à l'infini en victimes qui ne trouveraient leur salut (national?) que dans un matriarcat finalement assez pétainiste.

Le meilleur des mondes est une oeuvre d'exception, qui creuse inifiniment plus loin que la préfiguration des dictatures (hitlérienne et stalinienne) à laquelle on la limite parfois.

BI