17 mars 2009

Gran Torino de Clint Eastwood

Clint Eastwood a assez de recul et d'intelligence pour jouer de sa légende, comme des malentendus qui l'encombrent. Jadis traîné dans la boue par la gauche (les catholiques de gauche ?) qui le traitait de fasciste et ne décelaient pas les bribes d'humour dont il parsemait son oeuvre comme les réelles avancées politiques que ses films traduisaient, Eastwood joue à se peindre comme un vieux réac armé sirotant des bières sous sa véranda tout en râlant sans cesse contre les basanés et les jaunes du quartier. Itinéraire initiatique inversé où un jeune asiatique va peu à peu faire évoluer le vieil homme qui trouvera dans une mort orchestrée le point d'orgue d'une vie myhtique, mythique comme la Gran Torino parfaitement astiquée qui le renvoie sans cesse à sa grandeur passée, à ses rêves enfuis. Un beau film, qui n'atteint toutefois pas l'intensité dramatique de Mystic River par exemple. La faute peut-être à une photo moins maîtrisée et à l'absence de temps morts, de moments où le film s'inscrirait dans le lieu, dans sa texture, sa matière.

A voir, quoi qu'il en soit, évidemment.

Le Litterroriste