27 juillet 2006

Les oeuvres complètes de Sally Mara


De Queneau, on aime l'impertinence, la liberté, le rapport ludique et sensuel avec les mots, autant de qualités qui explosent dès 1947 lorsque Raymond Queneau publie On est toujours trop bon avec les femmes sous le pseudonyme de Sally Mara. L'intrigue est simple: un acte révolutionnaire irlandais commis par quelques patriotes hauts en couleurs, enfermés sous les bombardements de l'artillerie anglaise avec une vierge anglaise qui se révelera pleine de compréhension. En 1950, Queneau sortira le Journal intime de Sally Mara, inventant après coup la biographie de l'auteur factice de son roman. Sally vit son adolescence à Dublin, entre un frère poivrot, une mère folle cuisinant jour après jour des tartes aux algues et du hareng au gingembre, une soeur tentée par une carrière dans les Postes et le souvenir d'un père parti chercher des allumettes il y a des années de cela. Entre des découvertes anatomiques dans un musée, des cours de gaëlique donnés par un poète salace, l'influence néfaste d'un gentleman français et l'exploration de l'entrejambe d'un camarade de cours, Sally fait ses premiers pas en amour comme en français. L'ensemble est jouissif, d'une invention constante.
BI