27 septembre 2006

Avidité

L'écriture d'Elfriede Jelinek est opaque. On y progresse pas à pas, avec difficulté. On démêle la jungle de ses pensées, les allers et retours de son esprit. L'intrigue existe, mais là n'est pas le sujet. Jelinek vise avant tout à produire une ambiance et ses moyens sont pour le moins extrèmes.
L'intrigue, donc, le pitch comme dirait l'insupportable Thierry Ardisson : une petite ville autrichienne pendant l'ère Jorg Haider. Une vie d'envieux, de petites réussites, de grandes jalousies. Une atmosphère proche de ce que l'on peut imaginer de celle de la vie des Villemin, en somme. Un gendarme volage qui dissimule des talents de tueur. Des femmes assoiffées d'amour, de rédemption. Un lac, noir, qui n'abrite aucune vie. Une jeune employée qui dissimule à sa mère et son fiancé sa liaison avec le gendarme. Un soir, la mort au tournant.
Jelinek dissèque. Les corps, les coeurs, les cerveaux sont étendus sur l'inox de sa page. Du stylo, elle éventre les chairs, exhibe les tumeurs, les pensées coupables, les lâchetés, les petitesses.
Un livre pénible, sans espoir, piqué ça et là de pointes d'humour noir.

Personne n'en sort épargné, pas même le lecteur qui se dit que cette expérience est sans égale, mais qu'il attendra quelque temps avant de la renouveler.

BI

quelques articles, contradictoires, à propos de ce livre :
bibliomonde
lire
l'humanité

sur Jelinek en général :
arte

et le post que j'ai consacré à deux autres romans de Jelinek :
les amantes et lust