31 janvier 2007

Pars vite et reviens tard

José Garcia est un bon acteur. Il a de la présence, de la force, une sobriété inspirée des grands acteurs américains qu'il a en un temps parodiés. C'est malheureusement le seul atout - avec les quelques éclairs de génie d'un Serrault cabotineur - du nouveau film de Régis Wargnier, Pars vite et reviens tard.
L'intrigue évoque d'abord une thématique - la résurgence de la peste- qui, dans le cadre d'un film noir, pourait être riche. Mais paradoxalement, le scénario aboutit à une histoire anecdotique, un fait-divers sans intérêt, sans que les deux idées ne soient liées par autre chose que les obsessions d'un personnage secondaire. N'ayant pas lu le roman de Fred Vargas dont le film est inspiré, difficile de faire la part des choses entre structure du roman et responsabilité de l'adaptation. Tout cela ne serait pas si grave si le film ne souffrait d'une certaine lourdeur, de cadrages approximatifs, et surtout d'une faiblesse très française dans la direction des second rôles et des figurants. On ne compte pas les répliques mal ajustées par de mauvais jeunes acteurs (Nicolas Cazalé, Marie Gillain) débitant des dialogues mal écrits, les scènes de foule où les figurants font très figurants (on fait semblant de discuter, les membres d'un groupe se comportent de façon homgène, etc.), autant de détails qui nuisent à l'immersion, condition sine qua non du succès d'un véritable thriller. Un film dont le ratage est symptomatioque d'un cinéma français trop occupé à l'autocéélébration pour travailler ses faiblesses.

BI

21 janvier 2007

Renzo Piano & Richard Rogers : le Centre Georges Pompidou 30 ans après

Samedi 20 janvier se tenait au centre Georges Pompidou une conférence réunissant les architectes du Centre Georges Pompidou, Richard Rogers et Renzo Piano. Trente ans après l'ouverture du centre, que reste-t-il des utopies, que reste-t-il des polémiques ? Ce qui caractérise ces deux architectes, c'est un ancrage dans le réel et dans l'expérimentation, un certain refus des théories fumeuses. Le débat fut donc intéressant, même s'il n'apprenait finalement pas grand-chose à ceux déjà au fait de la genèse du projet. Il fut bien-sûr rappelé en quoi le choix du jury présidé par Jean Prouvé pour ce projet fut surprenant et constitua une vraie prise de risque. Piano rappela les injures, les tomates, les coups de parapluie reçus, avec l'humour qui le caractérise souvent. Rogers fut plus posé, moins bavard, plus distancié. Il ne répondit que partiellement sur la question de sa non-implication dans les travaux de réhabilitation du Centre. Derrière le côté un peu convenu de l'exercice, quelques indices glissés par Piano sur sa position vis à vis de la merchandisation des espaces muséaux, merchandisation que Frederic Edelmann, qui dirigeait les débats, aurait pu retourner contre les architectes puisque Beaubourg fut l'un des pionniers de la confusion entre loisirs, tourisme et culture.

BI

06 janvier 2007

Meurtriers sans visage

Vous êtes convalescent, seul, à l'hopital au moment des fêtes. Quoi de mieux qu'un polar pour passer le temps, s'immerger dans des univers décalés ? Dans Meurtriers sans visage, Henning Mankell met en scène pour la première fois son personnage fétiche, Kurt Wallander, mal en point après un divorce mal digéré. Chroniques d'une Suède inquiète, en proie aux démons du fascisme face à l'immigration, le roman vous capte, et ne vous libère qu'à sa conclusion. On découvre une atmosphère incomparable, des rapports humains très proches, où l'anonymat n'est jamais total, le tutoiement très rapide, les frontières au sens propre et figuré, jamais étanches.

BI