21 mars 2008

Team 10

La Cité de l'architecture et du patrimoine propose une exposition sur le groupe d'architectes Team X. On craint une exposition austère, abstraite et hermétique... et on a raison. La démarche de Team X, dans les années 60, se veut évolution critique des doctrines des CIAM dont le Corbusier fut l'un des fondateurs. Team X prétendait complexifier le discours architectural et urbanistique, tirer des enseignements du vécu des gens comme de l'architecture auto-construite. De longues analyses, fourre-tout, sont censées permettre de comprendre les qualités offertes par l'urbanisation de certains bidonvilles. Mais, là où l'on pouvait s'attendre à trouver, in fine, une architecture complexe, un urbanisme riche, on se trouve confronté à un résultat d'une pauvreté étonnante, des plans masse où quelques barres jouent avec l'angle droit. Car le problème de Team X, c'est sans doute une certaine fascination formelle. En témoignent de nombreux plans masse très graphiques, qui sont de véritables tableaux abstraits, la couleur en moins. Mais jamais le lien n'est réalisé entre cette abstraction et l'architecture, jamais l'entre-deux ne se développe vraiment. Très peu de réalisations au final, au vu du nombre d'architectes impliqués. Des grands gestes, des échecs (Toulouse-le Mirail) dont on pourra toujours prétendre qu'ils l'ont été parce qu'on n'a pas bâti TOUT le système. Architecture totalitaire, en ce qu'elle n'accepte au final pas le réel, ne souffre aucune distorsion dans sa perfection conceptuelle et formelle. On aimerait voir de l'architecture, il y en a fort peu : quelques maquettes, de grandes photos des architectes, censées redonner un peu de vie à une expo lugubre. Une scénographie sans imagination, voire absurde, des vidéos inaudibles car côte à côte...
Une exposition qui n'intéressera malheureusement que les architectes, tant elle est abstraite, sans relief, sous-commentée.
La cité de l'architecture et du patrimoine remplit-elle ainsi son rôle de divulgation de l'architecture auprès du grand public ou satisfait elle l'ego d'une caste d'architectes mondains trop heureux que l'on patrimonialise (cf Alain Bourdin, le patrimoine réinventé) le moindre bâtiment d'une époque qui s'est voulue héroïque ?

LE LITTERRORISTE

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