01 mars 2009

Les "Victoires" de la musique 2009

Décidément, la variété franchouillarde sombre année après année. Les professionnels de la profession, comme disait ce cher JLG, semblent ne pas comprendre qu'ils épuisent eux-mêmes leur fonds de commerce en faisant la promotion de ce qu'il y a de plus insipide, de plus faux, de plus rabâché. Certes, Bashung a raflé plein de récompenses, mais qu'avait-il à prouver ? Son dernier album était-il le meilleur, notamment si on le compare au précédent, le superbe L'imprudence ?

Ne fréquentant pas les salons de coiffure, je ne sais pas de quoi Bashung est malade, pourquoi il a tant maigri, et cache un crâne qu'on imagine entièrement lisse. Toujours est-il que ces trophées sonnaient comme un enterrement programmé avec aux commandes le très visqueux Nagui qui ne rate aucune occasion de célébrer les poncifs journalistiques (le "grand monsieur de la chanson française", etc.)
Passons également sur ce constat inquiétant : plus de la moitié des artistes présents sont, pour ainsi dire, des fils à papa: Arthur H (Jacques Higelin), Thomas Dutronc (fils de Jacques), Martin Rappeneau (fils de Jean-Paul le réalisateur), Vincent Delerm (fils de Philippe l'écrivain). Manquaient à l'appel M (fils de Louis Chédid lui même fils d'Andrée Chédid, écrivain), la chanteuse de Superbus (fille de Chantal Lauby) et la fête eut été plus complète.
Mais il y a beaucoup plus grave que ce côté "famille du spectacle", autrement dit "on reste entre nous". Il y a la médiocrité aspetisée des mutants de la télé-réalité qui nous assènent année après année leurs personnages préfabriqués, leurs chansons sans âmes aux tics vocaux devenus comme une marque de fabrique, celle d'une industrie en perte de vitesse qui n'a pas réalisé que seul un retour à un peu d'authenticité, de recherche et d'originalité pourrait redonner envie d'écouter de la musique. Car ce que masquait cette cérémonie pleine de bons sentiments, remplies à ras-bords de soi-disants artistes engagés aux rengaines minables et aux textes aux relents fascisants (Cali, Saez), c'est que la baisse des ventes de disques n'est pas compensée par l'essort du numérique. En bref, on achète de moins en moins de musique : le public se désinterresse de cette industrie, de ses stars imposées qui depuis 40 ans trustent les ondes, de ses petits copinages, de ce marketing qui vend de la musique comme on vend de la soupe.

Dommage donc, le cru 2009 comportait de bonnes bouteilles, mais ni les imaginatifs the DO, ni l'émouvante Berry, ni la talentueuse Yael Naim, ni enfin la belle Micky Green n'ont eu la reconnaissance qui leur eut permis d''augmenter leur diffusion : plébiscite de la profession à l'insupportable Julien Doré (dont l'album Ersatz porte bien son nom) et aux inventeurs de l'eau tiède les BB Brunes, qui nous balancent un rock aseptisé en nous donnant vraiment l'impression de se prendre pour des punks purs et durs.

Au final comme l'impression d'assister, de loin, au naufrage du Titanic.

Le Litterroriste



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