08 mars 2010

Underworld USA de James Ellroy

Des années d'attente, d'addiction non récompensée, de passages au rayon polars d'une grande surface culturelle. Rien de consistant à l'horizon. Où avais disparu James Ellroy ? On apprend au hasard des interviews que l'écrivain bouledogue a dérivé de mariage en lambeaux en séparations difficiles. Il y aurait alors un cœur qui bat derrière la façade préfabriquée d'un homme qui, pour se protéger, s'est créé un double médiatique, à l'instar d'un Bob Dylan?
Underworld USA le prouve à sa manière. La violence est toujours là, la cupidité, le meurtre, les addictions sordides, les petits intérêts, les politiques tordus... Mais derrière tout ça perce l'espoir d'une rédemption, celle d'hommes de droite - voire d'extrême droite - soudainement attirés par l'aura de gauchistes passionnées, prêtes à tout pour conserver quelques bribes d'idéal. Si les hommes meurent, après une vie de meurtres et de manipulations, de masques et d'évitement, ils le font dans un geste gratuit, dans une tentative de tout effacer par la grâce d'un acte héroïque. Ellroy met à mal l'histoire américaine dans ce qu'elle a de plus mythique (les années 60, les Kennedys, Martin Luther King, etc.), mais de ce naufrage surnagent quelques hommes et femmes libres malgré le système, libres au sein du système. L'écriture est puissante, nous emporte définitivement une fois les personnages (re)calés en nous (le roman suit chronologiquement American Death Trip dont onretrouve certains personnages). 840 pages d'ombre et de lumière, la confirmation d'un grand auteur de polar certes, mais d'un grand romancier tout court, maître de l'âme humaine.

Le Littérroriste



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